La crucifixion était- elleCrucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau
Toute la vie de Jésus a été source de salut, car tout ce qu'il a dit et fait a été agréable à Dieu. Dans le Credo, son existence terrestre se résume à sa passion et à sa crucifixion. L'Eglise nous enseigne ainsi que la mort de Jésus n'est pas simplement la conséquence de son engagement prophétique. La mort et la résurrection du Seigneur sont le fondement de notre salut. En supportant son humiliation extrême, Jésus prouve son amour sans limite pour les hommes et son obéissance sans faille envers le Père qui l'a envoyé. << C'est pourquoi Dieu l'a exalté..., afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse>> (Ph 2, 9.10).Pourquoi le Père n'a- t- il pas empêchéSouvent, la mort de Jésus est vue comme un drame en soi. On imagine alors Dieu comme celui qui envoie son Fils à la mort. L'attention se porte sur l'horreur de la crucifixion plus que sur l'amour vécu par Jésus. Or, ce n'est pas la mort de Jésus qui nous sauve: c'est son amour inconditionnel, dont la mort est la manifestation.
<< Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu >> (Jn 1, 11). Ce drame révèle la dimension tragique de toute l'histoire humaine: I'amour de Dieu a été rejeté par les hommes.
Le Père n'a pas voulu empêcher que son Fils, véritablement homme parmi les hommes, subisse le sort auquel sont exposés ses frères dans un monde indifférent à l'amour.<< Combien d'êtres humainsTout l'amour du Père est présent en son Fils, son bien-aimé, qui souffre. En Jésus, Dieu nous apparaît comme celui qui n'abandonne jamais l'homme et qui va, avec nous, jusqu'au bout de nos peines et de nos détresses.
Chaque jour, pour des milliers d'hommes et de femmes de par le monde, la souffrance et la mort sont une terrible réalité. Beaucoup meurent pour de justes causes et pour les droits de l'homme. Pourquoi attacher alors une telle importance à la mort de Jésus ? C'est que sa mort n'est pas seulement celle d'un juste humilié et sacrifié. Si Jésus n'était pas Dieu, sa mort serait une mort parmi d'autres.Qui nous fera entrevoirCelui qui aime souffre encore davantage à cause de son amour. Et personne ne nous aime comme Dieu nous aime!
En éliminant le fait que Dieu se révèle à nous sur la croix, nous risquons de réduire le christianisme à un humanisme généreux. Un homme a voulu construire un monde meilleur et il en est mort. Alors, il ne faut pas parler de salut mais d'un échec!En quoi la mort de JésusSeul l'Esprit du Père et du Fils pouvait faire comprendre aux Apôtres le sens de la mort de Jésus en croix. C'est à la Pentecôte qu'ils en ont reçu la révélation.
Les évangiles nous décrivent la mort de Jésus comme une manifestation de Dieu en son Fils.Pourquoi la croix du ChristA la lumière des Ecritures, saint Matthieu écrit qu'au moment où Jésus meurt << les morts sortent des tombeaux >> (Mt 27, 52- 53). Cette phrase a une signification pour la foi. Elle nous montre que celui qui meurt sur la croix n'est pas seulement un homme: il est le Seigneur des vivants et des morts! En lui, Dieu se manifeste. Par lui, la mort est vaincue et la vie triomphe. Saint Jean nous décrit Jésus, sur la croix, comme celui qui << transmet l'Esprit >> (Jn 19, 30). L'expression est très forte. L'Esprit de Dieu nous est communiqué lorsque le Fils expire. La mort du Christ est unique parce que le Fils de Dieu est unique.
Tout ce que Jésus a dit et fait se trouve scellé sur cette croix. La mort de Jésus ne se comprend pas si elle est coupée de sa vie: <<Je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance >> (Jn 10, 10). Cette vie est la vie même de Dieu. Non pas une vie qui s'achève dans la mort, mais une vie qui traverse la mort. Jésus n'a pas reculé devant la mort; il l'a affrontée au nom de la vie. Il est la Vie.Que signifie:dit Jésus, dans la parabole du Bon Pasteur (Jn 10, 18). Certes, beaucoup de pasteurs, à l'image de leur Maître, ont donné leur vie pour leurs brebis. Mais lequel d'entre eux a le pouvoir de la reprendre ? Qui est maître de la vie ? Contemplant le mystère de la mort de Jésus en croix, Jean voit jaillir de la plaie ouverte du côté du Christ de l'eau et du sang. L'eau est source de vie: elle annonce le Baptême. Le sang est la vie: il annonce l'Eucharistie.
- << Ma vie, nul ne la prend,
- mais c'est moi qui la donne >>.
- << J'ai le pouvoir de donner ma vie
- et le pouvoir de la reprendre >>,
La richesse du mystère de Dieu révélé en Jésus Christ est telle que les premiers chrétiens n'avaient pas assez de mots pour la dire. Avec les Apôtres, ils ont balbutié. Les écrits du Nouveau Testament parlent de << rachat >> et de << Rédemption >>, de sacrifice et d'offrande du Christ à son Père. Ce sont des mots très parlants pour qui sait ce que signifie affranchir un esclave ou payer pour obtenir sa liberté. Le Christ, lui, paye de sa personne: il nous rachète par amour. Un amour que rien n'arrête, ni la mort, ni le mépris.La mort de Jésus
- << C'est à peine si l'on mourrait pour un juste.
- Mais le Christ est mort pour nous,
- alors que nous étions pécheurs !>> (Rm 5, 7).
Pourquoi les chrétiens prient- ils en disant: <<Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde... >> avant de communier au Corps et au Sang du Christ mort et ressuscité ?Avez- vous un crucifix ?La crucifixion de Jésus est apparue aux premiers chrétiens comme l'accomplissement de l'offrande de l'agneau pascal (Jn 19, 36). Les disciples ont vécu le moment déchirant de la mort du Christ en dehors de la ville de Jérusalem, alors qu'au parvis du Temple on égorgeait les agneaux pour célébrer la Pâque. Pour nous, chrétiens, le Christ est l'Agneau pascal par excellence.
La passion de Jésus accomplit aussi la prophétie d'lsaïe: << Comme un agneau traîné à l'abattoir... il n'ouvre pas la bouche >> (Is 53, 7). Dans ce cantique, le << Serviteur souffrant >> répare les fautes du peuple et ramène à l'unité les brebis infidèles et dispersées.
Les premières communautés chrétiennes, affrontées à la persécution, ont chanté des cantiques à l'Agneau immolé mais vainqueur, blessé mais debout (Ap 4- 5)! L'Eglise reprend ces cantiques, chaque semaine dans sa prière du soir.
La croix est si souvent banalisée que nous pouvons la voir comme un simple ornement, sans être troublés! Elle nous révèle pourtant la profondeur du péché de l'homme capable de répondre à l'amour par la haine. Elle nous montre le visage de Dieu, son coeur transpercé d'où jaillit la miséricorde.Elle nous dit que tout disciple qui veut marcher à la suite du Christ rencontrera nécessairement l'indifférence, le mépris, la croix mais aussi, dans le Christ, la même victoire. La croix n'est pas une école de résignation; la souffrance n'est pas sacrée. Elle est à combattre ou à porter par amour. Car ce qui doit y être manifesté, c'est l'amour.
La croix n'est pas le dernier mot. Mais, sans elle, il n'y a pas de victoire sur la mort, pour qui fuit le combat en lui- même et dans le monde.
La croix est le signe du chrétien: il le trace sur lui- même pour se mettre-- corps et âme--dans une attitude d'amour pour Dieu et de don de soi- même envers les autres. Les parents apprennent à leurs enfants le signe de croix et aiment à l'esquisser sur leur front. Nous faisons à nos morts le don de ce même geste, en guise d'adieu (à Dieu !).