Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts

 
Attendons - nous encore
le retour du Christ ?
La profession de foi des premiers chrétiens est orientée vers le retour du Seigneur: << Viens, Seigneur Jésus >>. Ce cri final du Nouveau Testament est la réponse impatiente à la promesse du Seigneur: <<Lui, je viens bientôt!>> (Ap 22, 20). Serions- nous tellement rivés aux valeurs du monde présent que nous aurions perdu cette impatience et que nous douterions de la nécessité d'attendre le retour du Seigneur ?
<< Ne dormons pas
soyons vigilants >> (I Th 5, 6).
Chaque nuit, des milliers de moniales et de moines se lèvent avant le jour pour chanter Ies Vigiles. Par leur vocation et par tout leur être, ils attendent le retour du Seigneur; ils l'attendent pour l'Église et pour le monde. Ils veillent pour tirer l'humanité de son sommeil afin qu'elle puisse aller joyeusement à la rencontre du Seigneur. Ils attendent le soleil << qui vient nous visiter>> (Lc 1, 78) chaque jour, à travers les circonstances, les rencontres humaines et les sacrements. N'a- t- il pas dit: << Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps >> (Mt 28, 20)) '?
Une attente
obstinée !
Chaque année, durant l'Avent (mot qui signifie << avènement >>), I'Eglise se prépare avec ferveur à la venue du Christ en célébrant le mystère de Noël. La fête de Noël n'est pas seulement le souvenir de la naissance de Jésus, elle célèbre aussi sa présence aujourd'hui et elle annonce sa venue définitive à la fin des temps. Si la foi nous découvre une multiplicité de venues, toutes dépendent de la Parousie, la dernière venue du Seigneur pour le jugement universel. C'est pourquoi nous chantons: <<Christ est venu.... Christ reviendra, Christ est là >>, et nous gardons notre foi en éveil.
Comment comprendre l
e jugement de Dieu :7
Lorsque les Ecritures disent que Dieu juge le monde, elles proclament qu'il est << Roi >>, qu'il gouverne l'univers et oriente l'histoire vers le salut de tous les hommes. Le jugement de Dieu est comparable à un discernement de ce qui, en l'homme et dans le monde, est solide ou vain. Il est souvent comparé à un feu qui purifie. Juger n'est donc pas simplement constater le bien et le mal, c'est mettre en valeur le meilleur, comme le feu qui élimine les scories.
Serons- nous jugés
individuellement ?
Dire que Dieu est maître de l'histoire et que le Christ est Seigneur, c est affirmer d'abord la primauté du jugement universel, lié à la fin des temps, à la dernière venue du Christ. Le jugement particulier de chacun a lieu tout au long de notre vie, lors de nos choix importants et aussi au moment de la mort. Le jugement particulier ne se comprend pleinement que dans cette perspective d'un jugement universel à la fin des temps.

La présence de Dieu nous édifie de jour en jour: << Même si notre homme extérieur va vers sa ruine, I'homme intérieur se renouvelle de jour en jour >> (2 Co 4, 16). Tout ce que nous vivons et souffrons pour le Seigneur n'est pas vain ! Dans toute situation, même la plus éprouvante, la force de l'espérance aura raison des puissances du mal, qui ne viennent pas de Dieu.

<< Soyez toujours dans la joie.
Le Seigneur est proche >> (Ph 4, 4.5).
L'attitude à avoir envers le jugement de Dieu, source de salut, n'est donc pas d'abord la crainte, mais la confiance.

Cependant, I'Ecriture ne nous cache pas qu'il existe aussi un jugement de condamnation et que la fin des temps sera aussi un jour de détresse pour celui qui refuse obstinément le salut de Dieu. Le mal sera condamné, le bien récompensé. Ce que nous devons redouter, c'est que notre foi se soit endormie, que notre conversion ne soit pas réelle, que notre amour se soit refroidi et que notre vie ait été bâtie sur le sable plutôt que sur le roc. Ce que nous voulons espérer et demander, c'est la grâce de Dieu pour qu'il change, jour après jour, notre coeur de pierre en coeur de chair: un coeur capable de l'accueillir avec joie, impatient de sa venue et de son jugement de salut.

Aurons- nous
eu raison de croire ?
L'Eglise, des temps apostoliques jusqu'à nos jours, souffre violence et persécution. << Et si tout cela était en vain ? >> disent les sceptiques. Vaut- il la peine d'affronter la moquerie ou la mort au nom de la foi ?

Aux disciples, Jésus dit: << Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne sauraient tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut perdre, dans la Géhenne, à la fois l'âme et le corps... Soyez sans crainte, car Dieu prendra soin de vous >>. Et il ajoute: << Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, à mon tour je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux; mais celui qui me reniera devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux>> (Mt 10, 28.32).

Notre foi résiste- t- elle
à l'épreuve ?
Tout témoignage ne va pas nécessairement jusqu'au sang versé. Tout le monde n'est pas, au sens strict, témoin (en grec: martyr) de la foi. Mais c'est à tous que Jésus dit: << Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui- même, qu'il prenne sa croix chaque jour et qu'il me suive... Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, le Fils de l'Homme rougira de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges >> (Lc 9, 23 .26).
<< Celui qui perd su vie à cause de moi,
celui- là la sauvera >> (Lc 9, 24).
Dès aujourd'hui, I'attachement au Christ nous donne souffle et courage. En construisant notre vie sur la foi, nous la bâtissons sur le roc. Le Ressuscité que nous accueillons dans notre vie, demeure auprès du Père; et là où il est, nous serons nous aussi. En accueillant nos frères et en abandonnant nos biens, nous recevrons Dieu avec tous ceux qui ont bâti leur vie sur la foi. L'Eglise ne sera entièrement << assemblée de Dieu >> qu'à la fin des temps.
Sur quoi
serons- nous jugés ?
Les chrétiens seront jugés sur leur foi au Christ, sur leur espérance envers et contre tout, sur leur amour qui édifie l'Eglise et qui a le souci des pauvres et de ceux qui souffrent.

Dieu ne juge pas comme les hommes; il ne considère pas d'abord nos actes, mais avant tout l'amour que nous y aurons mis. A tous ceux qui auront vécu de l'amour de Dieu, Jésus dira: << Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger et vous m'avez accueilli; nu, et vous m'avez vêtu; malade, et vous m'avez visité; en prison, et vous êtes venus à moi>>. Alors eux et nous, nous répondrons: << Seigneur, quand nous est- il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? (Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir... malade ou en prison, et de venir à toi ? >> Et lui nous répondra: << Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait! >> (Mt 25, 34- 40). Pour nous, hommes et femmes du vingtième siècle, cet appel vise non seulement la conversion personnelle mais aussi la transformation des structures de notre société.

C'est sur l'amour que nous serons jugés. Mais notre coeur peut aussi s'endurcir; le Seigneur nous avertit: << Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait >> (Mt 25, 45). Ce jugement est une condamnation. Les Ecritures nous montrent comment Dieu est atteint en personne lorsque son amour est rejeté.

Est- ce Dieu qui nous juge,
ou est ce nous-mêmes qui nous jugeons ?
Le jugement dernier appartient à Dieu. Il donne à qui il veut et sa miséricorde dépassera toujours nos mérites: son amour nous cherche jusque dans l'ombre. Mais il peut aussi nous juger à cause de notre mépris.

Qu'est- ce qui nous semble le plus terrible: que Dieu nous juge? que les autres nous jugent? que notre conscience nous juge ? Là où la conscience est parfois sans appel, la grâce et la miséricorde de Dieu nous précèdent. Là où une lucidité glaciale livre l'homme à la tentation du désespoir, Dieu fait de nous des êtres portés par l'espérance.

<< Devant lui nous apaiserons notre coeur, si notre coeur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre coeur et il connaît tout>> (I Jn 3, 19- 20).
Quand reviendra- t- il,
le Fils de l'homme ?
Le moment de la venue du Fils de l'Homme reste le secret du Père. Sa venue est certaine comme l'aurore, mais son heure est inconnue. Même Jésus déclare l'ignorer (Mc 13, 32). L'Evangile n'en dit donc rien; le moment précis n'appartient ni à Jésus, ni aux hommes. C'est le secret du Père.

I1 n'est donc pas chrétien de vouloir déterminer quand aura lieu cet événement. Le chrétien ne connaît qu'une seule attitude qui corresponde à l'attente du Jour du Seigneur: être toujours prêt. En effet, le temps est toujours court quand il s'agit de faire le bien. Accomplir le bien sans relâche: voilà qui est urgent et ne souffre pas d'être différé parce que le Seigneur tarde.

L'Eglise est appelée à être vigilante de cette vigilance d'amour qui tient le coeur de la Bien- aimée en éveil:

<< Je dors, mais mon coeur veille >>,

<< J'entends mon Bien- aimé qui frappe>> {Ct 5, 2).
 
 

Prenons- nous au sérieux
l'exigence d'être prêts ?
La parabole des dix vierges nous parle du retard de la venue du Seigneur. Toutes s'en allaient avec leurs lampes à la rencontre de l'Epoux et toutes s'assoupirent et s'endormirent, quand un cri annonça sa venue. Cinq d'entre elles étaient insensées et n'avaient pas emporté d'huile dans leurs lampes; cinq d'entre elles étaient avisées: leurs lampes étaient remplies d'huile, symbole de l'espérance et de la vigilance.

Pendant que les insensées allaient chercher de l'huile, l'époux arriva; << celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noce, et l'on ferma la porte... >> (Mt 25, 10).

Ne différons pas la foi,
I'espérance et la charité.
Cet avertissement ne s'adresse pas seulement à chacun individuellement, mais aussi à la communauté chrétienne. C'est pourquoi Jésus dit aux disciples: << Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure >> (Mt 25, 13).

Garder sa lampe allumée, c'est aussi entendre l'avertissement du Seigneur à l'Eglise: << J'ai contre toi que tu as perdu ton amour d'antan >> (Ap 2, 4) et tendre l'oreille à son appel:

<< Voici, je me tiens à la porte et je frappe.
Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte,
j'entrerai chez lui et je prendrai la cène
avec lui et lui avec moi>> (Ap 3, 20).
 

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