J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir

 
Attendre,
c'est trop facile
Attendre signifie tendre vers. C'est vers la résurrection que nous tendons. Telle est l'audace de notre espérance. Tout ce que nous proclamons dans le Credo n'aurait aucun sens s'il n'y avait pas de résurrection. Comment Dieu pourrait- il être Créateur, Seigneur et Sauveur de l'homme si l'homme devait disparaître'?

Notre foi nous oriente résolument vers l'avenir. Cet avenir n'est pas le néant puisque grâce à un don de Dieu à venir, nous sommes destinés à entrer, à travers la mort, dans la pleine communion avec Celui qui nous fait vivre.

Cet avenir, tous les saints l'ont désiré ardemment. Par ce désir, ils n'ont pas fui le présent ou déprécié l'histoire; ils ont donné aux hommes la conscience de leur pleine dignité: une dignité qui s'épanouit au- delà de la mort. Dès les temps apostoliques, les chrétiens témoignent de leur foi dans la résurrection des morts.

Le mépris du corps,
est- ce chrétien ?
C'est en vertu même de leur foi que les chrétiens attachent de l'importance au corps humain. Dieu nous a façonné un corps, << tiré de la glaise >> et animé par << son souffle >> (Gn 2). C'est dans notre nature corporelle et spirituelle que Dieu nous a faits à son image et à sa ressemblance. Le Christ a encore ennabli notre nature en prenant chair de notre humanité et en faisant sienne notre condition mortelle, avec ses joies et ses peines; après sa résurrection, il s'est montré vivant dans son corps.

Le corps est inséparable de la personne. Il en fait partie intégrante. C'est dans son corps que l'homme reçoit les sacrements, qu'il communie au Corps du Christ, à ses frères et à tout l'univers. Le corps est saint, comme la personne: il vient de Dieu et il va à Dieu. Respecter le corps, c'est respecter la personne.

C'est pourquoi notre vocation chrétienne nous presse d'avoir le souci de ceux qui souffrent ou sont méprisés dans leur corps. Ainsi, par exemple, I'amour du Père Damien pour les lépreux l'a rendu en tout semblable à eux, à une époque où contracter la lèpre était signer sa propre condamnation. << Ses douleurs firent connaître à tous les hommes ce quc les plaies ouvertes d'un homme peuvent signifier >> (G. Daws).

Quelle valeur lu résurrection
donne- t- elle à notre vie actuelle ?
Certes, nous ne sommes pas les seuls à soulager la souffrance. Nous sommes cependant animés d'une espérance qui nous est propre et qui nous fait dire: << Mon corps vivra, parce que moi je vivrai. Mon corps est, dès à présent, embarqué dans une aventure pour ce temps et pour l'éternité >>.

C'est dans la foi en la création et en la résurrection que le chrétien respecte son corps et l'enfant déjà conçu. Il est appelé à faire don de sa vie, dans le bonheur ou la souffrance, dans la mort naturelle ou le martyre, car il est porté par la joyeuse espérance qu'aucune épreuve, même la mort, rien ne le séparera de l'amour du Christ (Rm 8, 35).

Survivre, est-ce
la même chose que ressusciter ?
Pour croire en la résurrection, il faut accepter de mourir et de mourir vraiment, comme le Christ. Le Christ est mort dans toute la réalité de son humanité. Il n'a pas survécu à lui- même comme quelqu'un qui ne doit rien à personne: dans sa mort d'homme, il a remis sa vie entre les mains du Père et Dieu l'a ressuscité.

Survivre veut dire qu'on ne meurt pas, mais qu'on continue à vivre << par ses propres moyens >>. Or, c'est par grâce que nous ressuscitons. Ressusciter, c'est se recevoir de Dieu, corps et âme.

Et la
réincarnation ?
Beaucoup se laissent captiver-- au sens fort du mot -- par la croyance en la réincarnation. Après la mort, I'homme poursuivrait son existence dans d'autres vies, jusqu'à ce qu'il entre un jour dans le nirvâna. Dans cette vision des choses, la vie présente n'a rien d'unique et de définitif: elle n'engage pas, dès à présent, I'éternité. Elle n'est qu'une phase dans un cycle où l'on naît et renaît, conditionné par sa vie antérieure, jusqu'à la purification finale. Cette croyance est incompatible avec la foi chrétienne.
Y a- t- il
un purgatoire ?
Devant le mystère de la mort qui nous dépasse, la plupart des hommes éprouvent plus ou moins confusément le besoin d'être purifiés. Voilà pourquoi beaucoup offrent des sacrifices, implorent des divinités, se soumettent à des rites ou cherchent les moyens de se purifier par l'ascèse ou la méditation avant le grand rendez- vous avec la mort.

Ce désir de purification, Dieu l'a mis dans le coeur de l'homme. Ce désir doit être christianisé. Le chrétien sait combien son amour de Dieu et du prochain est imparfait et doit être guéri par celui du Christ.

Châtiment
ou purification ?
A ce désir chrétien de guérison, Dieu répond par sa miséricorde. Le purgatoire n'est ni un temps ni un lieu. C'est un état où l'amour de Dieu consume totalement ce qui nous empêche d'être pleinement heureux de sa présence.
L'enfer
existe- t- il ?
L'enfer est un état où l'homme refuse consciemment et délibérément toute relation à Dieu et aux autres. L'enfer existe, car l'homme a la possibilité de se laisser <<captiver>> par son orgueil. L'enfer est la conséquence du refus de la grâce ou de la miséricorde de Dieu.

L'homme n'accède pas par ses propres moyens à la présence de Dieu; mais Dieu, par grâce et par amour, I'admet en sa présence. Si l'homme refuse, Dieu juge le refus de l'homme. C'est pour cela aussi que, dans l'Ecriture, I'enfer comporte une dimension de châtiment.

Marie a- t- elle été << élevée au ciel>>
dans son corps ?
Marie a accueilli la Parole dans son coeur et elle a donné un corps au Fils de Dieu. Le Père l'a aimée d'un amour de prédilection et l'a associée << corps et âme >> à la mort et à la résurrection de son Fils. En elle, I'Eglise contemple son propre avenir. Tel est le mystère que nous fêtons le 15 août, en la fête de 1'Assomption de la Vierge Marie.
Où va
l'humanité ?
L'amour que nous avons pour Dieu et les uns pour les autres ne disparaît pas au moment de la mort, mais il est sauvé par le Christ, qui vit auprès du Père. Ainsi, lorsque des êtres humains meurent, nous restons en communion avec eux parce qu'ils sont vivants dans l'amour du Père. Les défunts gardent leur relation d'amour avec nous et nous attendent avec le Christ dans la << Jérusalem nouvelle >>. L'Evangile nous parle d'une vie fraternelle auprès de Dieu, d'un banquet auquel nous sommes tous invités, de la vision de Dieu face à face.

Quant à nous, notre résurrection a déjà commencé, dit saint Paul, car l'Esprit du Ressuscité nous anime. Mais elle n'apparaît pas encore.

Ceux qui sont morts
participent- ils déjà à la résurrection ?
Vivant dans le Christ, les morts ont part à sa résurrection. Mais nous attendons la résurrection de tous au << dernier jour >>, car toute la communauté humaine n'est pas encore réunie dans le plein épanouissement du Corps du Christ.

Le purgatoire implique une souffrance qui naît de l'amour. Les défunts qui souffrent de ne pas être en mesure d'accueillir le don de Dieu comptent sur notre solidarité et notre prière pour qu'ils soient guéris des conséquences de leurs péchés et puissent s'épanouir dans la communion avec Dieu.

Le royaume de Dieu ne se limite pas
au royaume des hommes.
Dans l'Evangile, la santé, la paix, la justice et la miséricorde annoncent la venue du royaume de Dieu. L'engagement pour la justice, pour la transformation de la société et de. ses structures, est essentiel à l'Eglise. Mais sa mission ne s'arrête pas aux aspects sociaux et politiques de l'histoire. L'Eglise est dans le monde et pour le monde. Mais elle est aussi en marche vers << la Jérusalem d'en- haut >>.

Là où est le Christ, là est l'Eglise: le Christ ressuscité est parmi nous, mais sa présence glorieuse dépasse l'histoire. L'Eglise terrestre marche dans l'histoire en communion avec l'Eglise céleste, déjà rassemblée dans la gloire du Christ.

Vivant et lutiant dans le monde, nous sommes donc unis par une même charité et une même louange à l'Eglise que nous ne voyons pas encore. C'est une joie qui nous est propre et que s'entend la force de notre espérance. Notre amour pour les hommes est d'autant plus exigeant que nous savons que nous sommes << citoyens du ciel >> et que notre patrie est dans << les cieux >>.

<< Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au coeur de l'homme >> (Caudium et 5pes, 39). Dès à présent, nous nous préparons à recevoir ce don de Dieu.

Le corps humain
tel que Dieu I'a rêvé
Nous regardons Ie corps humain presque uniquement dans sa phase initiale et provisoire: Ie corps de chair que nous portons en ce monde. Mais Dieu a fait Ies corps en vue de la gloire. Son rêve ce sont Ies corps glorieux, ressucites, incorruptibles, instruments dociles du ct~ur sans jamais Ie trahir. Cette vision de nos corps, qui seront transfigurés par Ie Christ, engendre un autre rapport à la naissance et à l'avortement, à la santé et au plaisir, à la maladie ct aux Soins, au << mourir>> et à l'euthanasie.

Dans la perspective biblique, I'homme a été constitué dès l'origine capable de recevoir Dieu et Dieu a créé l'humanité cn vue de s'y incorporer. Le Christ << venu en notre chair >> a pris notre humanité pour que nous ayons part à sa divinité.

<< La mort à volonté>>
ou .. par pitié ,,
Le rapport à la vie à la mort ne s'inscrit pas dans un univers replié sur le corruptible. Il n'est pas commandé par l'autodéfense personnelle ou collective, qui justifie l`avortement ou l'euthanasie.

Le véritable rapport de l'être humain à lui- même et à autrui s'inscrit dans la défense que Dieu prend de sa créature, même la plus faible, la plus diminuée. C'est la défense d'un Père, d'une Mére, quand bien même l'humanité abondonnerait son petit (Is 54,15).

Une femme cesse - t- elle de chérir le fils de ses entrailles ?
Même s'il s'en trouvait une.... moi, je ne t'oubierai jamais ,,,
dit le Seigneur. I.s 54,10
Que l'on songe à tous ceux et celles qui, avec tant de délicatesse, entourent de soins et d'affection un être déshérité ou diminué. Il faut leur dire un merci ému, comme à tous ceux qui témoignent de l`oubli de soi au service de ceux qui, au regard de leur entourage, ne sont pas jugés dignes de vivre.

Si nous rivons notre regard à ce monde- ci, si nous perdons Ie sens de la vocation de tout homme à partager la gloire de Dieu' nous perdons Ie recul et la sagesse. Ce qui nous domine n'est plus que la logique du sentiment: << Un enfant ... à tout prix. >>, ou << Pas d'enfant ..., à aucun prix >>. << La mort à volonté ... ou par pitié. >> Dans la logique de la technique, la maladie et la mort sont d'autant plus insupportables que la technique peut Ies faire rccuicr. Elics sont chassées de la conscience moderne. Elles font pourtant partie de la vie et du chemin vers Dieu.

Pour nous, chrétiens, Ies mystéres du Christ qui <<est né, a souffert est mort et est ressuscité >> se réfracte dans toute vie humaine.
 

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